Je profite tout en douceur des derniers feux de mon chômage. Aujourd'hui, je suis retournée m'inscrire à la bibliothèque, et j'ai emprunté trois bouquins de Michel Tremblay. Cet auteur québécois, dramaturge, homosexuel déclaré, a été propulsé nouvel auteur chouchou de Calimera. J'aime sa façon d'écrire, simple, directe et claire, ses canadianismes qui parfois me font rire, et surtout, surtout, le style des dialogues, à chaque fois, je suis crampée de rire, même si le sujet est sérieux. Ça me permet de rêver un peu, moi qui ai peur de commencer les démarches pour partir vraiment au Canada l'année prochaine. Mais les démarches me font peur, et le pire serait d'en parler à ma famille. Est-ce un désir égoïste de vouloir mettre l'océan entre moi et les miens, de vouloir me planquer dans Montréal et fuir ce qui aujourd'hui fait ma vie? Je ne sais pas qui peut répondre à cette question.

Le nouveau chapitre de "Antje", mis en ligne dimanche soir comme prévu, n'a rapporté "que" dix reviews, mais ce sont surtout des messages d'"habitués", intéressants et constructifs pour la plus part. L'accouchement de ce chapitre a été douloureux. J'ai longtemps tourné en rond dans la maison, autour de mon Mac, hantée par cet épisode de mes quatorze ans, qui m'a inspiré la scène du journal intime volé. Dieu merci, personne ne m'a jamais chouré mon journal intime au collège, alors qu'il m'est parfois arrivé de l'emmener. Mais j'ai revécu, à travers la détresse de mes personnages (enfin, le mien, et le narrateur que je n'ai pas inventé, lol), la remontée acide qui a envahi mon corps, ce jour de la fin d'hiver 1993-94. J'ai revu la lettre entre les mains de ce gars, son sourire narquois, les gens aglutinés autour de lui tandis qu'il lisait, tout haut, le contenu de mes mots, la quintescence de moi, qui croyais l'aimer. Humiliation comme des milliers d'aiguilles plantées dans le corps. Quand je repense à M., je me sens fébrile, et j'ai mal. Ce type m'a fait énormément de mal, mais c'est une putain de plaisanterie à côté du mal que je me suis fait à moi-même en l'aimant. Mais ceci n'est pas le sujet. Antje est repartie en férocité, et je suis contente. Je crois même que je vais commencer le nouveau chapitre ce soir. Me sens inspirée.

Ma fleur sauvage est de retour, mais je n'ai pas de nouvelles. J'attends.

Ma mère a dit que mon frère en a un peu marre des lubies de Soso d'amour. Il paraît qu'elle est capricieuse comme une gamine, et que mon frère ne sait plus comment réagir par rapport à ça. La dernière envie de Madame en date, c'est de quitter la région parisienne, et de s'installer à Tour ou à Nantes. J'ai grimpé aux rideaux. Je ne pense pas que mon frère se laissera convaincre, mais une angoisse m'a traversé l'esprit. Tabernack. Je crois qu'il ne va pas falloir tarder à causer à mon frère de ma lubie canadienne. Je sais, c'est aussi débile que le délire de Soso. Mon frère se sentira, une fois n'est pas coutume, le cul entre deux chaises. Mais pour une fois, laissez-moi gagner!!!!!

Vais fumer une clope et me mettre au boulot. Bonsoir.